France

Transition énergetique engagée

Rouler en Crit’Air 1 et accéder aux ZFEm1 avec le B100… La société de transport de personnes Olicars (95) a fait l’acquisition d’un Scania i6s B100 exclusif de 410 ch. Un car grand confort qui, avec ses 59 places à bord, se destine aussi bien aux activités de tourisme qu’aux sorties scolaires, et marque les premiers pas vers la transition énergétique de l’autocariste.

1 - Zones à faibles émissions mobilité

L’ambiance est parisienne et le trafic dense quand, le long du boulevard Barbès, un Scania Irizar i6s 2 essieux suit le flot continu de voitures. Au volant, Romain Odic, conducteur de l’autocariste francilien Olicars, explique : « J’emmène un club senior à une représentation au théâtre Fontaine dans le 9e arrondissement. Je dois déposer les 41 personnes au plus près du théâtre, à 15 h. Ici, c’est toujours compliqué de s’arrêter sans bloquer la circulation ». Avec ses 13 m de longueur et 3,90 m de hauteur, cet autocar de 410 ch présente une belle stature, celle du car de tourisme grand confort. Surtout, ce Scania i6s roule exclusivement au B100 (voir encadré) ; « 100 % green », renchérit le fondateur et dirigeant de l’entreprise, Sylvain De Oliveira.

 

Livré en août dernier, ce premier investissement vert d’Olicars représente aussi une première en France pour Scania : le premier autocar B100 exclusif. Pour l’autocariste, le choix est clair : « Je peux répondre à mes clients en mettant à leur disposition un véhicule qui participe à leur stratégie de décarbonation. » En outre, sa configuration B100 exclusif obtenue par l’installation d’un dispositif Scania (voir encadré) place le car en Crit’Air 1, lui ouvrant l’accès aux ZFEm. « Nous savons qu’à Paris et en région parisienne, mais aussi dans d’autres métropoles françaises, la pression est très forte, c’est devenu une nécessité », complète le dirigeant.

Olicars, un transporteur ambitieux

Si Sylvain De Oliveira confie avoir hérité de la passion du car par son père, il a néanmoins souhaité voler de ses propres ailes. « J’ai décidé de fonder mon entreprise en m’appuyant sur mon expérience. C’était en 2015, cela fait maintenant neuf ans qu’Olicars sillonne les routes », explique-t-il, rappelant que sa société a résisté, malgré sa jeunesse, à l’épreuve du Covid. L’homme ne cache pas ses ambitions, celles de faire partie du paysage du car en Île-de-France, mettant en avant le sérieux de son entreprise : « Nos conducteurs sont attentifs, expérimentés et, bien que cela se perde dans la profession, ils portent toujours une chemise et une cravate. Notre matériel est neuf, à la pointe et entretenu par notre atelier intégré. Et notre fonctionnement administratif est réactif, précis et rigoureux », insiste-t-il.

Exemplaire en matière de transport urbain durable, le Scania i6s B100 exclusif exploité par Olicars sillonne la région parisienne.

Lorsqu’il a débuté, Sylvain De Oliveira disposait de trois autocars achetés d’occasion contre un parc actuel qui en compte 14, en plus des minibus. Cette progression, l’entrepreneur la met sur le compte de son expérience « comme exploitant puis directeur d’exploitation dans l’autocar pendant 14 ans. Finalement, je n’ai fait qu’appliquer des compétences que j’ai acquises au fil du temps », s’amuse-t-il. À ses débuts, Olicars s’oriente vers le transport occasionnel, et ce, jusqu’en 2018 avec l’obtention de sa première ligne régulière ; « par croissance externe et le rachat d’une société de taille identique à la nôtre qui a aussi permis d’augmenter le parc », détaille-t-il. Aujourd’hui, un quart de l’activité d’Olicars concerne des lignes régulières, lignes d’usines et ramassage d’élèves pour des écoles privées, pesant 15 % de son chiffre d’affaires. 85 % sont répartis entre l’occasionnel, le réceptif, les sorties associatives et scolaires, ou le tourisme régional, national et parfois européen. Et le dirigeant d’ajouter, « notre activité globale concerne à 80 % la région parisienne et Paris. Pour le réceptif, c’est 90 % Paris intra-muros ! » Aussi, la transition énergétique de son parc s’est imposée d’elle-même : opter pour un véhicule vert, en faisant le choix d’un carburant qui offre la vignette Crit’Air 1. « Avec ce Scania Irizar B100 exclusif, Sylvain fait le premier pas vers sa transition énergétique, un sujet qu’il sait incontournable aujourd’hui », souligne Franck Prévault, chef de région ventes autocars chez Scania France.

Sans compromis sur le confort, la capacité de l’autocar a été optimisée afin d’accueillir jusqu’à 59 passagers.

Un véhicule « vert » offrant la vignette Crit’Air 1... Un atout concret pour la transition énergétique d’Olicars.

Engager sa transition verte

« Nous connaissons les exigences que font peser nos clients sur le “rouler propre”. Toutes les grandes enseignes sont engagées dans une démarche HQE2, les villes multiplient les ZFEm, et Paris a récemment mis en place une ZTL, une zone à trafic limité. Impossible aujourd’hui de ne pas prendre en compte le contexte environnemental », rappelle le dirigeant, qui poursuit avec une anecdote : « Avant la livraison de ce car B100 exclusif, je suis passé à côté d’un marché car je ne pouvais pas mettre à disposition un véhicule “green”, même si le Scania i6s était déjà en commande et attendu sur notre parc. » Ces arbitrages environnementaux, le dirigeant les mesure pleinement, et lorsque la question s’est posée de renforcer ses engagements RSE3 sur son parc roulant, l’homme a étudié les différentes propositions technologiques alternatives au diesel.

2 - Haute qualité environnementale

3 - Responsabilité sociétale des entreprises

Une alternative végétale au diesel fossile

Majoritairement issu de la transformation du colza, le B100 est un biocarburant reconnu Crit’Air 1. Biodégradable, non toxique, il est issu de l’agriculture française et n’entre pas en concurrence avec l’alimentation humaine et animale. D’autant que cette solution offre une issue durable aux résidus de graines de colza. Ce biocarburant suit le modèle de l’économie circulaire, et sa traçabilité garantit un bilan carbone favorable, du champ à la roue, comparé au diesel. Son impact sur l’environnement est durable en permettant une réduction des émissions de gaz à effet de serre supérieure à 60 %, de CO2 de 60 %, et de particules fines de 80 %.

Stationné ici sur le parking du dépôt Olicars, l’i6s de 13 m dispose de doubles réservoirs de 800 litres garantissant une autonomie de 2 500 km.

« Le gaz comme l’électrique représentaient des investissements très lourds. De plus, ces solutions nous confrontaient aux difficultés d’approvisionnement, car nos cars peuvent être amenés à faire beaucoup de kilomètres », relève-t-il. Et lorsqu’il a entendu parler pour la première fois de la solution B100 – à l’occasion d’un séminaire Scania –, il a été séduit par son accessibilité en termes de coûts et l’autonomie du véhicule. Même si le grand tourisme ne représente que 20 % de son activité, le chef d’entreprise préfère disposer d’un véhicule vert polyvalent qui puisse aussi bien faire un aller-retour Paris-Toulouse qu’une sortie scolaire à la piscine. « Lors de la configuration du véhicule, Sylvain a fait le choix de doubler les réservoirs. Leur capacité de 800 litres assure au car une autonomie de 2 500 km », complète Franck Prévault.

B100 exclusif éligible Crit’Air 1

La stratégie de Sylvain De Oliveira est naturellement allée de pair avec la mise en œuvre d’une démarche RSE. Elle se concrétise au niveau des infrastructures de l’entreprise avec, entre autres, un tri et un traitement organisés des déchets, mais aussi au niveau du matériel et des équipements utilisés : « Les autocars sont renouvelés à la norme Euro 6, et puis nous avons fait le choix du B100, exclusif avec le i6s, mais aussi du B100 miscible B100-gazole, avec deux autres véhicules attendus », glisse-t-il. Pas de Crit’Air 1 pour ces derniers, mais de la souplesse avec la possibilité de faire des pleins en Oleo100 grâce à la cuve installée au dépôt. « Scania nous a orientés vers ce biocarburant issu du colza. Le système est rodé avec un ravitaillement directement sur site. C’est pratique et en plus… on roule à base de fleurs ! », sourit l’autocariste. Il évoque aussi les avantages fiscaux de cette solution : pas d’avance sur les TVA et la TICPE4 contrairement au diesel, et un suramortissement possible jusqu’à 40 %.

 

En matière d’exploitation, le dirigeant explique : « On nous avait annoncé une surconsommation… Alors sur les premiers longs trajets, j’ai contacté des entreprises où j’aurais pu m’approvisionner via Oleo100. Finalement, nous n’en avons pas eu besoin ! » Pour être totalement serein, Olicars a aussi préféré s’appuyer sur un contrat de maintenance Scania. « Malgré notre atelier intégré, ne connaissant pas l’impact du B100 sur les différents organes du moteur, nous avons préféré nous appuyer sur le savoir-faire des ateliers Scania. Cela nous permet aussi, dès le départ, de connaître le coût d’entretien du véhicule sur ses cinq premières années d’exploitation, correspondant à sa durée de garantie », ajoute-t-il. Tandis que le Scania i6s arrive à destination, son conducteur accompagne du regard la descente des passagers, et commente, « il marche très bien cet i6s, et le B100 ne change pas grand-chose au comportement routier dans la mesure où il s’agit d’un moteur thermique. » Lorsque le dernier passager quitte l’autocar, le conducteur, ravi de sa prestation, s’autorise à conclure : « Je découvre aussi la boîte de vitesses Scania qui est souple et nerveuse. J’adore ce modèle pour son esthétique, sa conduite et les voyageurs sont toujours satisfaits ! »

4 - Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques

Romain Odic, conducteur chez Olicars, et Sylvain De Oliveira, dirigeant d’Olicars.

Chiffres-clés

OLICARS

  • Chiffre d’affaires : 2,7 millions d’euros
  • Collaborateurs : 21, dont 5 conducteurs
  • Parc : 14 autocars, dont 4 Scania et 5 minibus

B100 exclusif éligible à la vignette Crit’Air 1

Pour garantir l’utilisation exclusive de B100 sur un véhicule et obtenir la vignette Crit’Air 1, Scania a développé un système de capteur, monté sur le véhicule, qui permet de mesurer le type de carburant utilisé. En deçà d’une certaine teneur en B100, un voyant de défaut s’allume sur le tableau de bord qui, si cela persiste, réduit d’abord le couple moteur, puis la vitesse du véhicule. Ce système a fait l’objet d’un protocole en vue de son homologation pour la France. « Sur le Scania i6s carrossé par Irizar, nous sommes contraints de procéder à une opération RTI, une réception à titre isolée, donc une homologation à l’unité, véhicule par véhicule, du système d’irréversibilité B100-gazole », indique Franck Prévault, chef de région ventes autocars chez Scania France.

Trois questions à

Franck Prévault, chef de région ventes autocars chez Scania France

Comment la collaboration avec Olicars a-t-elle débuté ?

J’ai d’abord connu le père de Sylvain, Auguste De Oliveira, lorsqu’il était à son compte puis directeur chez un autocariste. Avec Sylvain, nous avons signé notre première affaire avec ce car B100 exclusif et deux autres renouvellements de matériels, très prochainement livrés, qui rouleront au B100 et au gazole.

Quels sont les avantages de ce Scania i6s B100 exclusif ?

Cette solution est la plus souple et la moins impactante techniquement et économiquement. Il s’agit d’un moteur à combustion qui fonctionne exclusivement avec une énergie non fossile, en l’occurrence le B100 issu du colza. Le dispositif d’exclusivité repose sur l’installation d’un capteur qui mesure la qualité du carburant. Ce système a été homologué, reconnu par la DREAL (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et permet d’obtenir la vignette Crit’Air 1.

Comment ce car a-t-il été configuré ?

Sylvain souhaitait disposer d’une grande autonomie pour cet autocar. Il a donc choisi un double réservoir de 800 litres, conservant ainsi le volume de soute qui s’élève à 12 m3. Il a opté pour une version haute de 3,90 m qui lui a permis d’installer les toilettes au niveau du plancher, et de disposer de deux places supplémentaires portant le total à 59 places. C’est un compromis qui offre du confort pour l’activité touristique tout en recherchant l’optimisation en termes de capacité. Nous sommes très satisfaits l’un et l’autre de cette belle collaboration.